Nous cherchons l’harmonie entre le milieu naturel et ceux qui l’occupent; afin d’approcher l’autonomie alimentaire.
Nous avons choisi la race Aubrac pour sa rusticité et son caractère; en effet les premiers reliefs des Cévennes où le troupeau pâture sont pentus et caillouteux, tout en étant chaud et sec en été … Alors il faut un pied sûr; la force de caractère nécessaire pour aller chercher l’herbe aux meilleurs endroits et la cohésion d’un véritable troupeau pour passer l’estive en autonomie et emmener veaux, vaches et taureaux sur ces beaux reliefs.



Notre troupeau est constitué de 35 vaches, 2 taureaux et de leurs veaux.
Dès le début du mois de Mai, quand la pousse de l’herbe est bien démarrée, chacun des troupeaux retrouve son lieu d’estive. Une dizaine de vaches avec leur taureau montent à la Lavagne sur le Causse de Blandas pendant que le reste du troupeau rejoint la Montagne de la Fage du côté de Cézas.
Elles connaissent bien leur pâturage et si les conditions fourragères le permettent elles peuvent rester plusieurs mois dans chacun des parcs qui les composent. Nous leur apportons le sel et les minéraux nécessaires ainsi que de l’eau évidemment mais sinon elles sont libres de leur rythmes, déplacements et alimentation.
Quasiment toutes nos vaches sont équipées de cloches ou bien de colliers GPS. Les cloches nous permettent de les retrouver par tout temps et les GPS nous permettent de suivre leurs déplacements à distance, les surveiller de plus près si nécessaire.



L’agro-pastoralisme est crucial pour notre environnement; il est le coeur du fonctionnement de notre ferme.
D’abord parce que le pâturage est le seul moyen de conserver un milieu naturel ouvert. Les herbivores comme les vaches, les brebis ou les chèvres entretiennent ces espaces en consommant les végétaux et en se frayant des passages, elles réduisent l’embroussaillement. Un milieu fermé ne permet pas à la faune et à la flore de l’habiter, l’embrousaillement s’y développe rapidement et cet espace devient alors un risque incendie élevé avec les conséquences que l’on connait. Ces troupeaux vont à des endroits où la machine ne va pas; où l’homme seul ne peut pas non plus assurer l’entretien; ils valorisent ces espaces naturels.
Cet entretien leur permet en même temps de se nourrir et de se developper pendant les 7 à 8 mois que peut durer l’estive avec un impact positif sur leur environnement. En estive, notre troupeau a un bilan carbone positif grâce à cette autonomie alimentaire totale, l’ouverture des milieux qu’il assure et le rejet d’engrais naturel.
Sans intervention de machines, dans ces sous bois, les vaches s’y épanouissent et la biodiversité avec !
Si nous pouvions accéder à une surface pâturable plus importante, nous pourrions réduire d’autant les surfaces que nous cultivons.

Lorsque notre troupeau est installé à la montagne, il est temps pour nous de lui préparer l’alimentation de l’hiver prochain. Nous cultivons 60 hectares autour de la ferme, que l’on répartit selon les besoins alimentaires du troupeau.
Au printemps, c’est le temps des fourrages.
La météo nous dicte alors nos journées et nous ouvrons les paris sur les scénarios les plus judicieux pour stocker du foin de qualité. Il faut faucher au bon moment pour que le foin puisse sécher mais sans griller ni perdre les feuilles puis andainer, emballer bien sec mais pas trop…
Les balles sont ensuite entreposées à l’abri dans le bâtiment de stockage et attendent l’hiver suivant pour être distribuée au troupeau. Les champs quant à eux attendent un peu de pluie pour reprendre leur croissance et proposer une seconde ou même une troisième coupe selon les espèces et les conditions climatiques. Aucune de nos parcelles ne sont irriguées, en Cévennes on s’en remet à la météo !



Les vaches ne mangent pas 10 fruits et légumes par jours, mais plus la ration est diversifiée, plus elle est équilibrée et mieux elles se portent ! Nous cultivons de la luzerne, du sainfoin, du sorgho mais aussi des mélanges appelés méteils. Ce sont des associations de plantes qui collaborent lors de leur croissance et nous permettent de récolter une ration équilibrée tout en faisant le bonheur des insectes mellifères. Ainsi nous avons remarqué que les avoines, vesces, seigles, pois fourrager, dactyle se plaisent dans nos terres et nos climats et plaisent à notre troupeau.
Lorsque la saison des foins touche à sa fin, que les vaches ont été placées dans un nouveau pâturage pour la période la plus chaude, vient alors la période de la moisson.
Oui sur notre ferme, nous moissonnons aussi, un peu moins de 20 hectares chaque année.
Un prestataire vient moissonner généralement à la fin du mois du juin, les parcelles semées en céréales. Il y a environ une quinzaine d’hectares en orge d’hiver. L’orge nous assure l’apport d’énergie et de protéines nécessaire à la ration hivernale du troupeau et des jeunes. Une fois stocké sur la ferme, nous nous efforçons de tenir les charançons à distance avec une ventilation et de la Terre de Diatomée. Ensuite, selon les besoins du troupeau nous le passons à l’aplatisseur avant de le donner aux vaches. Cette opération mécanique permet d’éclater son enveloppe fibreuse et assure une bonne digestion de l’amande de la graine. Mais cette céréale rustique à aussi l’avantage de nous apporter suffisamment de paille pour être confortablement couché tout au long de l’année !
Nous cultivons également du colza chez nous. Le colza d’hiver est le premier à être semé sur la ferme, il ne fournit pas de paille utilisable mais ses graines sont précieuses. Notre petite presse est ainsi alimentée de ces billes noires pour nous extraire de l’huile de colza alimentaire mais aussi et surtout du tourteau qui permet de compléter la ration des jeunes bovins. Apport de protéine, de matière grasse et de phosphore, ce tourteau fait la différence dans la ration, tout en sortant de nos champs.
Et puis selon les années nous nous lançons à l’aventure végétale, une fois de l’épeautre, une fois du lin, une autre fois de la luzerne semée avec l’orge, qui laisse nos terres couvertes et autonomes pour la saison suivante, qui sait ce qui nous tentera l’année suivante ?







Lorsque la moisson est terminée, que le grain et la paille sont rentrés, protégés et stockés; il est temps de reprendre son souffle avant de soigner nos terres. Vous l’aurez compris, la terre est la base de nos cultures, qui sont la base de l’alimentation de notre troupeau, qui participe à votre alimentation.
Notre sol, nous le soignons.
Dans les pâturages montagneux de notre troupeau, la forêt est en place. Un temps de repos hivernal et un pâturage raisonnable assurent la meilleure pérennité possible de ces surfaces sauvages et naturelles. Les vaches y laissent leur engrais et nettoient ce qu’elles broutent en symbiose avec leur environnement.
Par contre, dans les sols que nous cultivons, c’est une autre histoire. Nous évitons le labour tant que nous le pouvons, c’est à dire que nous ne labourons que quand une parcelle est envahie de végétaux parasites. Etant donné que nous n’utilisons aucun traitement chimique sur nos sols, si nous avons une invasion de chardons, ou de végétaux dont nous n’arrivons pas à nous débarrasser avec la fauche ou le gel, nous sommes contraints de labourer. En retournant la terre sur une quarantaine de centimètre, les horizons sont perturbés mais les parasites sont enfouis et éliminés sans aucun apport chimique qui polluerait le reste de l’environnement.
Le déchaumage nous permet aussi un travail mécanique léger en surface, qui ne perturbe pas les horizons du sol mais prépare la terre pour avoir les conditions de semis idéales lorsque la saison viendra.


Nous cherchons à ce que le maximum de surfaces soient semées avec des espèces et des variétés pérennes comme la luzerne, le sainfoin ou le dactyle. Ces plantes robustes une fois bien enracinées peuvent donner du foin pendant 5 ou 6 années si elles sont soignées. Cela représente environ 20 hectares de nos cultures chaque année. C’est autant de surfaces où nous pouvons réduire l’utilisation des tracteurs pendant les années où ces plantes sont en place.
Mais ces espèces ne suffisent pas à apporter la diversité fourragère dont le troupeau à besoin, c’est pourquoi nous semons les méteils qui sont des cultures annuelles, tout comme les céréales que nous moissonnons. Chaque automne nous avons donc une quarantaine d’hectares à préparer pour les semis suivants. Selon les sols et les conditions climatiques, le travail du sol sera différent dans chaque parcelle. C’est aussi à cette période que nous apportons du compost à nos champs. Le fumier quand à lui est épandu durant l’hiver vers le mois de Février.



Lorsque les grosses chaleurs sont passées, et qu’avec un peu de chances les orages du mois d’aout ont permis une repousse de la végétation, nous installons le troupeau dans le dernier pâturage d’estive.



A la fin du mois de Novembre, avant que l’herbe ne se fasse rare ou que le pâturage s’abîme, nous organisons la descente du troupeau à la ferme.
C’est l’occasion de mettre en place la routine hivernale avec le repas quotidien dans la stabulation où nous leur apportons fourrages et orge pendant près de 5h. Le reste du temps c’est rumination, repos et siestes dans les 4 hectares qui entourent le bâtiment ou dans la bonne paille d’orge qui les attend.




Notre troupeau ne reçoit ni vaccin ni antibiotique ou autre traitement préventif. Un animal blessé ou malade est soigné individuellement sur les conseils de notre vétérinaire qui équilibre les solutions naturelles aux solutions médicamenteuses selon la gravité de la situation. Les interventions du vétérinaire sont anecdotiques sur l’exploitation, mise à part les prises de sang annuelles obligatoires. Nous sommes par contre vigilants vis à vis des parasites qui peuvent perturber nos belles vaches. Là aussi nous cherchons un équilibre avec les solutions naturelles (ail, huile de cade) face aux attaques que subit le troupeau et surtout aux maladies que ces parasites transportent…
Afin de se protéger au maximum des risques de prédations en Cévennes, qui ont fortement évolué ces derniers temps, nous avons récemment dû modifier notre conduite de troupeau. Auparavant, les taureaux passaient leur temps avec les vaches, les veaux naissaient ainsi tout au long de l’année selon le rythme de chacune. Cependant la présence récente de prédateur et l’absence totale de moyens pour s’en protéger nous laissent démunis. Les chiens de protections ne peuvent pas travailler avec un troupeau bovins et aucun autre moyen de protection n’est autorisé.
Afin de protéger les nouveaux né et leur mère lors de ce moment de vulnérabilité, nous nous organisons maintenant pour que toutes les naissances se déroulent en hiver, lorsque le troupeau est à la ferme en sécurité. Pour cela nous isolons les taureaux une partie de l’année afin que la reproduction ait lieu au printemps. Cela nous demande des efforts d’organisation, les répercussions risquent d’être lourdes sur notre modèle de commercialisation mais nous espérons que cela suffira à garder nos animaux en sécurité, car nous n’avons pas d’autres moyens pour que le troupeau continue à pâturer…


Les veaux restent avec leur mère pendant les 10 premiers mois. Les premières semaines ils ne tètent que le lait de leur mère mais rapidement ils imitent les copains et commencent à manger du foin puis de l’herbe en complément du lait. Chaque mère décide du sevrage, certaines les laissent faire même quand ils sont si grands qu’ils doivent se mettre à genoux pour téter, d’autres les écartent dès leurs 6 mois.
Une fois sevrés les jeunes sont rentrés à la stabulation où ils sont nourris tous les jours d’une ration d’orge écrasée et de tourteau de colza mais aussi de luzerne et de fourrages à volonté. La totalité de la ration du troupeau, veaux, taureaux et vaches est donc produite sur notre ferme. C’est ainsi que nous assurons la qualité et de la valeur nutritionnelle des aliments apportés à notre troupeau et donc de la qualité de la viande que nous vous proposons




Lorsqu’ils ont entre 14 et 16 mois nous les emmenons à l’Abattoir Paysan du Vigan où ils sont abattus. Nous produisons de la viande de “Jeune Bovin”, cette appellation issue de la réglementation française caractérise les animaux qui ont plus de 9 mois et moins de 24 mois.
Nous cherchons à proposer une viande de qualité aux citoyens de notre région,
une viande issue d’un troupeau qui aura enrichi son environnement en le respectant.
Notre environnement n’est pas des plus productif et nous ne cherchons pas à ce que les animaux grossissent le plus vite possible. Avec ces méthodes de travail lentes ou respectueuses, il nous faut environ 14 mois pour que nos jeunes atteignent un poids carcasse entre 230 et 280 kg, pour que leur viande soit tendre car ils sont jeunes, soit rouge car ils ont parcourus les forêts et les montagnes et soit goûteuses car ils ont été nourris d’aliments sains et de qualité.


C’est la valeur et la qualité qui nous anime plus que la productivité.
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